Automne malade
Un poème de Guillaume Apollinaire
Automne malade et adoré
 Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
 Quand il aura neigé
 Dans les vergers
Pauvre automne
 Meurs en blancheur et en richesse
 De neige et de fruits mûrs
 Au fond du ciel
 Des éperviers planent
 Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
 Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
 Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
 Les fruits tombant sans qu’on les cueille
 Le vent et la forêt qui pleurent
 Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
 Les feuilles
 Qu’on foule
 Un train
 Qui roule
 La vie
 S’écoule
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
